lundi 9 mai 2016

Plus haut que la mer

Dans le cadre des partenariats Livraddict, les éditions Gallimard ont eu la gentillesse de m'envoyer un livre de leur collection folio (poche). Je tiens donc d'abord à remercier l'équipe de Livraddict (qui fait un super boulot pour que le site communautaire roule au mieux et que chacun puisse se faire plaisir) ainsi que la maison d'édition. 
J’arrête tout de suite ceux qui trouvent mon message d'intro "lèche-bottes": Il est normal de remercier ceux qui nous permettent de découvrir de nouveaux auteurs, mon avis n'en restera pas moins sincère et objectif. Et je vous invite à aller vérifier par vous-même la qualité du site Livraddict.

Ceci étant dit, nous pouvons passer aux choses sérieuses ... le livre !



J'ai donc lu Plus haut que la mer, de Francesca Melandri. J'avais déjà un livre de cette auteure dans ma bibliothèque mais je ne m'étais pas encore décidée à le lire... Voilà le problème résolu car je ne vais pas tarder à retourner du côté de la plume de Melandri qui est fine est belle. 

Résumé :

1979. Paolo et Luisa prennent le même bateau, chacun de son côté, pour se rendre sur l’Île. Mais ce n’est pas un voyage d’agrément, car c’est là que se trouve la prison de haute sécurité où sont incarcérés le fils de Paolo et le mari de Luisa. Ce dernier est un homme violent qui, après un meurtre commis sous le coup de la colère, a également tué un surveillant en prison, tandis que le premier a été reconnu coupable de plusieurs homicides politiques sur fond de révolution prolétarienne. L’homme et la femme ne se connaissent pas, Paolo est professeur de philosophie, mais il n’enseigne plus ; Luisa, elle, est agricultrice et élève seule ses cinq enfants. À l’issue du voyage et de la brève visite qu’ils font au parloir de la prison, ils ne peuvent repartir comme ils le devraient, car le mistral souffle trop fort. Ils passent donc la nuit sur l’Île, surveillés par un agent, Pierfrancesco Nitti, avec qui une étrange complicité va naître. Pour ces trois êtres malmenés par la vie, cette nuit constitue une révélation et, peut-être aussi, un nouveau départ. 

Une histoire qui se passe sur une île perdue en mer  et des personnages en formation triangulaire, forcément ça me tente. Pour revenir en vitesse sur la forme triangulaire, cela m'a fait penser aux triangles amoureux, si fréquents dans les écrits de M.Duras. Donc, évidemment, j'en attendais beaucoup. 
J'ai vraiment apprécié le style de Francesca Melandri et aussi le fait que l'histoire ne soit pas un joli conte de fées. Cependant j'ai été quelque peu attristée du peu de place finalement laissée aux rapports entre les TROIS personnages. Les liens entre Luisa et Paolo sont plutôt bien traités mais Nitti est trop laissé de coté à mon gout. Avant que les personnages se retrouvent enfin seuls il faut tout de même attendre la moitié du roman. Ce qui n’empêche pas la première moitié d’être tout à fait intéressante. 
La condition de vie dans les prisons étant un sujet qui m’intéresse beaucoup ces temps-ci, ce livre m'a plu mais je peux également comprendre l'impatience de certains lecteurs devant la longueur de la mise en place de ce qui parait, au premier abord, être l’élément central du livre. Les émotions des personnages sont transmises dans un style sobre et épuré qui ne laisse pas de place au pathos et à l'émotion inutile. Il n'est pas question ici de savoir où est le juste, le bon et le mal. Non, nous sommes simplement face à trois personnages qui ont une histoire propre et qui se retrouvent par la force des choses ensembles dans une situation presque cocasse. En effet, un gardien de prison passe rarement la nuit avec deux parents de détenus. 
Il m'a manqué une centaine de pages dans le roman pour faire plus ample connaissance avec les personnages, approfondir leurs envies, leurs rêves, les rencontrer plus fort en somme. Luisa, avec sa vie simple de travailleuse et de mère de famille, cache encore bien des secrets, j'en suis certaine. Francesca Melandri nous livre en revanche Paolo sur un plateau d'argent et il semble qu'on arrive, en qualité de lecteur, à saisir parfaitement le personnage tout au long du roman. Nitti reste, pour moi, le personnage le plus mystérieux. Tout comme sa femme nous restons à le regarder en nous posant 1000 questions mais n'osant entendre aucune réponse. Nitti est la matérialisation physique et pensante (et pleine des remords donc) de ce que l'enfermement fait à l’âme humaine. Il est témoin de tout cela et il est à la fois détenu sur l’île, comme les prisonniers, alors qu'il est un homme libre. Je trouve que cela aurait également mérité d’être un peu plus développé tout au long de l'oeuvre. 
Je vais continuer à lire Francesca Melandri car la façon dont elle emmène le lecteur à s'interroger sur l’âme humaine est d'une jolie finesse et la réflexion apportée est profonde et pleine de sens. 

Un livre bien écrit avec une idée tout à fait intéressante mais qui m'a légèrement laissé sur ma faim.

Vivez, Lisez !


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