Ce livre traînait depuis deux bonnes années dans ma Pal. Je me souviens l'avoir acheté dans une petite librairie de Chambéry auprès d'une libraire pour qui il avait été un coup de coeur.
Francesca Melandri en était alors à son premier roman. Entre temps j'ai lu son deuxième, Plus haut que la mer, dont j'avais aimé le style et les personnages solitaires et touchants, mais qui était trop court à mon goût.
Mille trois cent quatre-vingt-dix-sept kilomètres. Eva voyage en train depuis son Tyrol du Sud natal jusqu'en Calabre pour rendre visite à Vito, disparu de sa vie trop tôt et depuis trop longtemps, que la maladie menace d'emporter. Durant ce trajet du nord au sud de l'Italie, de sa région frontalière et germanophone au Sud profond, c'est toute son enfance et l'histoire de sa mère Gerda qui défilent dans sa tête.
Eva se remémore aussi le destin du Haut-Adige, passé en 1919 de l'Empire austro-hongrois défait à l'Italie, que Mussolini essaya d'italianiser de force et qui par la volonté d'un homme, Silvius Magnago, obtint de Rome un statut d'autonomie mettant fin aux actions terroristes et évitant une probable guerre civile.
Inoubliable fresque historique et familiale, Eva dort brosse le portrait d'une mère exceptionnelle et, à travers l'histoire du Tyrol du Sud, celui de toute la nation italienne à l'unité encore fragile.
Je me suis autorisée à raccourcir un peu le résumé de l'éditeur qui en dit beaucoup trop à mon goût. Vous l'aurez compris, dans ce roman, on navigue entre une histoire de femmes et l'histoire d'un pays, d'une région. On est face à un roman duquel on sort moins bête ou plus intelligent, c'est selon...
Eva dort c'est l'histoire d'Eva bien sûr mais aussi de Gerda, sa mère. une jeune femme belle et forte au passé difficile qui se retrouve mère très jeune mais qui n'abandonnera jamais la partie. Gerda ma bien plus touché qu'Eva. C'est une femme moderne et puissante, elle dégage autour d'elle quelque chose d'incroyable. J'ai adoré voir l'évolution de la plume de Francesca Melandri entre ses deux livres. Le premier (Eva dort) a quelques maladresses qui rendent certains passages un peu long alors que dans le second (Plus haut que la mer dont je vous ai déjà parlé) ce n'est plus le cas. Pourtant les deux romans sont des romans "lents" avec de longues descriptions, le temps semble flotter (bien que Eva dort parcours toute une vie). Vous le savez j'aime ces atmosphères et ces temps calmes dans les romans. Ils mettent souvent en lumière toute la beauté de la plume de l'auteur. C'est encore une fois le cas ici, Francesca Melandri livre son art sans fioriture, au lecteur ensuite de l'apprécier à sa juste valeur.
Vivez, lisez !
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